Le rugby à XV féminin, qui suit les mêmes règles que le rugby à XV masculin, a connu un essor considérable ces dernières années. Grâce aux performances des équipes nationales, notamment le XV de France qui a remporté plusieurs grands chelems, et à la médiatisation croissante de la discipline, le rugby féminin attire de plus en plus de spectatrices et de spectateurs dans les stades. Mais quels sont les facteurs qui expliquent ce succès ? Et comment le rugby féminin peut-il se développer encore davantage ?
Une histoire riche et mouvementée
Le rugby féminin n’est pas une invention récente. Il existe des traces de matchs féminins dès le début du XXe siècle, notamment au Royaume-Uni, en Australie ou en Nouvelle-Zélande. Ces matchs étaient souvent organisés pour des œuvres caritatives ou pour soutenir l’effort de guerre. Cependant, le rugby féminin a longtemps été marginalisé, voire interdit, par les instances dirigeantes du rugby masculin, qui considéraient que ce sport n’était pas adapté aux femmes.
Voici une vidéo relatant l’histoire du rugby féminin :
Il faut attendre les années 1970 et 1980 pour que le rugby féminin se structure et se développe à travers le monde. Des fédérations nationales sont créées, des championnats sont lancés, et des compétitions internationales voient le jour. La première Coupe du monde féminine a lieu en 1991, mais elle n’est reconnue officiellement par l’International Rugby Board (IRB) qu’en 1998. Depuis, le rugby féminin a gagné en visibilité et en crédibilité, notamment grâce à l’intégration du rugby à sept aux Jeux olympiques en 2016.
Un engouement populaire croissant
Le rugby féminin bénéficie aujourd’hui d’un engouement populaire croissant, qui se traduit par une augmentation du nombre de pratiquantes, de licenciées et de spectateurs. Selon les chiffres de World Rugby, il y aurait environ 2,7 millions de joueuses de rugby dans le monde, dont 40 % de femmes. En France, la Fédération française de rugby (FFR) comptait plus de 20 000 licenciées en 2020, soit une progression de 400 % en dix ans.
Le public suit également avec intérêt les exploits des équipes nationales féminines, notamment dans le Tournoi des Six Nations, qui oppose chaque année la France, l’Angleterre, l’Irlande, l’Écosse, le Pays de Galles et l’Italie. Les matchs du XV de France féminin attirent régulièrement plus de 10 000 spectateurs dans les stades, comme à Grenoble ou à Toulouse. Le record d’affluence pour un match international féminin est détenu par l’Angleterre, qui a rassemblé plus de 17 000 personnes à Twickenham en 2019.
Des défis à relever pour l’avenir
Le rugby féminin a donc franchi un cap ces dernières années, mais il doit encore faire face à des défis pour se développer davantage. Parmi ces défis, on peut citer la professionnalisation des joueuses, la médiatisation des compétitions, la parité des rémunérations et des primes, ou encore la promotion du rugby féminin auprès des jeunes générations.
La professionnalisation des joueuses est un enjeu majeur pour permettre au rugby féminin d’atteindre un niveau de performance optimal. Actuellement, seules quelques fédérations offrent des contrats fédéraux à leurs joueuses, comme l’Angleterre ou la Nouvelle-Zélande. La plupart des joueuses doivent concilier leur passion du rugby avec une activité professionnelle ou des études. En France, la FFR a annoncé la création d’un statut semi-professionnel pour les joueuses du XV de France en 2020.
La médiatisation des compétitions est également un levier essentiel pour accroître la notoriété et l’attractivité du rugby féminin. Si les chaînes de télévision diffusent de plus en plus de matchs féminins, notamment le Tournoi des Six Nations ou la Coupe du monde, il reste encore des progrès à faire pour offrir une couverture médiatique équivalente à celle du rugby masculin. Par exemple, le championnat de France féminin, le Top 16, n’est pas diffusé à la télévision.
La parité des rémunérations et des primes est aussi un sujet sensible, qui soulève des questions d’équité et de reconnaissance. Les joueuses de rugby sont souvent moins bien payées que leurs homologues masculins, voire pas du tout. Les primes versées aux équipes nationales féminines sont également inférieures à celles des équipes nationales masculines. En 2017, les joueuses du XV de France féminin avaient reçu 4 000 euros chacune pour leur grand chelem dans le Tournoi des Six Nations, contre 33 000 euros pour les joueurs du XV de France masculin.
La promotion du rugby féminin auprès des jeunes générations est enfin un défi important pour assurer la pérennité et le renouvellement du vivier de joueuses. Il s’agit de faire découvrir le rugby aux filles dès le plus jeune âge, de les encourager à pratiquer ce sport, de leur offrir des conditions d’entraînement et d’encadrement adaptées, et de leur donner des modèles féminins inspirants. Le rugby féminin peut ainsi contribuer à l’éducation, à l’émancipation et à l’épanouissement des jeunes filles.